Dans recombinant, les spectateurs entrent dans un lieu ouvert où ils peuvent circuler librement, tels les visiteurs d’une installation. Les performeurs y interagissent déjà avec l’environnement média, images et son, qu’ils peuvent moduler à l’aide de senseurs. Ils manipulent aussi quatre surfaces de projection mobiles – courbes et angulaires, opaques et translucides – reconfigurant sans cesse l’espace scénique. Leurs manipulations font apparaître un ensemble de constructions architecturales changeantes qui appellent les spectateurs à se déplacer.

En circulant, les membres du public découvrent une multiplicité de points de vue, de transparences et de couches d’images et de sons. Les corps des performeurs se multiplient, dédoublés non seulement par des extensions mécaniques, mais aussi médiatiques. Ils deviennent les pivots d’une machine à organiser le temps et participent à mettre en place un système auto-poiëtique. Ce qui a été marquant artistiquement, dans la création de cette œuvre, est l’attention particulière donnée à la reconfiguration perpétuelle de l’espace scénique en relation avec les mouvements et les déplacements du public. Ce va-et-vient entre les positions changeantes et la cohabitation physique des performeurs et des spectateurs a donné lieu à ce que l’on pourrait appeler une sociologie/chorégraphie des foules.